Jonathan Vittel, chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), est une figure centrale des efforts humanitaires à Gaza. Il coordonne la plupart des mouvements des organisations de secours, y compris les convois de nourriture, l’entrée du personnel médical, le transport de carburant vers les hôpitaux et les stations de dessalement, ainsi que le transport de camions d’équipements médicaux et autres. Il est difficile d’exagérer l’importance du rôle de l’OCHA dans la réduction des décès dans la bande de Gaza. Le bureau est également chargé de collecter des informations provenant de divers organismes des Nations Unies — tels que l’UNICEF, le Programme alimentaire mondial, l’Organisation mondiale de la santé — et d’autres organisations humanitaires, et publie des rapports presque quotidiens mis à jour sur la situation humanitaire dans la bande, abordant les meurtres, la faim, les déplacements, la destruction et la propagation des maladies. Les rapports de l’OCHA sont considérés comme conservateurs, fiables, bien documentés, et sont utilisés par la majorité des médias internationaux, ainsi que par les gouvernements et les organisations du monde entier.
C’est précisément ce qui dérange le ministre des Affaires étrangères, Gideon Sa’ar. Dans un tweet puéril, agressif et mensonger publié avant-hier, il a écrit : « Il y a une limite à chaque mascarade », et a donné des instructions pour ne pas renouveler le visa de séjour de Jonathan Vittel, « à la suite d’un comportement partial et anti-israélien, qui a déformé la réalité, présenté des rapports trompeurs, diffamé Israël et même violé les propres règles des Nations Unies concernant la neutralité ». Cette décision est un nouveau maillon de l’attaque effrénée menée par le gouvernement israélien contre le droit international et les institutions internationales. L’armée israélienne ignore ouvertement les restrictions imposées par le droit international dans les combats en cours dans la bande, et, comme il est connu, Israël a interdit en début d’année l’activité de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), sous prétexte d’allégations non prouvées de coopération entre le Hamas et l’UNRWA à Gaza.
La décision de Sa’ar est tombée à un moment particulièrement misérable. Ces derniers jours, il est devenu clairement évident que l’organisation GHF, le mandataire israélien en matière de secours, a lamentablement échoué à fournir de la nourriture aux Palestiniens de Gaza — exactement comme Vittel et d’autres experts l’avaient averti auparavant. Hier, le ministère de la Santé de Gaza a annoncé la mort de 15 autres personnes à cause de la faim, tandis que plus de mille personnes ont été tuées en tentant d’atteindre les centres de distribution de secours. Au lieu de permettre aux Nations Unies, qui ont prouvé être le seul organisme capable de prévenir la famine dans la bande, de poursuivre leur travail, le gouvernement israélien continue de mettre des bâtons dans les roues des efforts de secours. La décision de Sa’ar est un coup dur pour les efforts humanitaires, et il porte désormais une responsabilité directe pour l’affamement de la population de Gaza.
Vittel et le bureau de l’OCHA rapportent au monde la vérité, même si le gouvernement la nie et ment à ce sujet : plus de 59 000 morts à Gaza jusqu’à présent, la destruction de 70 % des bâtiments, et le déplacement de 90 % de la population. Sa’ar doit immédiatement revenir sur sa décision de priver Vittel de son visa d’entrée, et le gouvernement israélien et l’armée doivent ouvrir les points de passage pour la nourriture et les secours, et permettre aux Nations Unies et aux autres organisations humanitaires de travailler sans entrave.
Source : Haaretz
N.B. : ce billet est la traduction en français de cet article d’origine avec des très légères modifications de mise en forme et ajout des médias sociaux.
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