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Aluf Benn – 12 août 2025
Pour Benjamin Netanyahou, l’image prime sur tout : angles de caméra, clichés de victoire, cartes et schémas explicatifs. Si vous deviez imaginer le scénario qui le hante le plus – au point de bloquer un accord global d’échange de prisonniers avec le Hamas –, ce serait celui-ci : Marwan Barghouti, figure de proue du Fatah, franchissant les portes de sa prison, les doigts levés en signe de victoire, et devenant en un instant un nouveau héros planétaire.
Depuis le début de la guerre, Netanyahou évite sciemment un échange « tout contre tout » – c’est-à-dire la libération de tous les prisonniers palestiniens en échange de tous les otages israéliens. Jusqu’ici, il a réussi à reporter les discussions sur les « prisonniers lourds » : les leaders de la Seconde Intifada et les auteurs des attaques du 7 octobre. Ses partenaires de coalition assument publiquement leur volonté de sacrifier les derniers otages israéliens à Gaza pour éviter la phase finale d’un accord. Lui, en revanche, se cache derrière eux : il esquive les déclarations tonitruantes et traite les familles des otages comme une source d’ennuis.
Son obsession est claire : éviter un nouveau « précédent Shalit ». En 2011, la libération de Yahya Sinwar – alors détenu par Israël – lui avait ouvert la voie pour renforcer l’arsenal militaire du Hamas, jusqu’à l’assaut contre Israël douze ans plus tard. Aujourd’hui, Netanyahou craint que Barghouti, une fois libre, ne devienne l’incarnation d’une résistance victorieuse, sapant ainsi sa propre légende.
Netanyahou a consacré sa vie à torpiller la création d’un État palestinien indépendant. Depuis son retour au pouvoir en 2009, il a manœuvré avec ruse et habileté pour résister à toutes les pressions visant à faire avancer la solution à deux États, jusqu’à ce que ce projet s’évanouisse et que ses espoirs s’assèchent. Pourtant, ces dernières semaines, l’initiative a ressuscité : excédées par les images des atrocités à Gaza, les grandes puissances occidentales ont rompu avec le soutien inconditionnel américain à Israël. La reconnaissance de la Palestine est devenue le nouveau cri politique, comme l’avait été, dans les années 1980, la reconnaissance européenne de l’OLP, un tournant qui avait pavé la voie aux accords d’Oslo.
Toute histoire a besoin d’un héros, mais Mahmoud Abbas en est incapable. Il manque de charisme et de soutien populaire, restant l’héritier terne et impopulaire de Yasser Arafat. Même la récente vague de reconnaissances, qui aurait dû couronner sa carrière diplomatique, l’a pris au dépourvu, alors qu’il était marginalisé et absent. À l’inverse, Marwan Barghouti incarne une autre génération : un leader de la résistance au parcours militant indéniable, doté d’une reconnaissance internationale et d’une image toute prête pour devenir le « Mandela palestinien ».
Si Barghouti sortait de prison, il émergerait instantanément comme l’adversaire principal de Netanyahou sur la scène mondiale – un symbole de victoire là où le Premier ministre israélien ne voit qu’un cauchemar géopolitique.
L’ironie de l’histoire frappe Netanyahou de plein fouet : au lieu d’étouffer les aspirations palestiniennes sous les ruines de Gaza et les milles de victimes, sa guerre a ressuscité leur cause et ravivé le rêve d’un État indépendant – son pire cauchemar politique. Sa réponse ? L’escalade : menacer d’achever la destruction de Gaza et d’expulser ses habitants, pour priver une future Palestine de sa population. Les récentes manœuvres militaires israéliennes, simulant une « invasion par l’est » (c’est-à-dire depuis la Jordanie vers la Cisjordanie), révèlent une stratégie plus large : étendre les déplacements forcés au-delà de Gaza, en s’appuyant sur les milices de colons pour mener une épuration méthodique. Ainsi, ce qui était présenté comme une guerre contre le Hamas se mue en un plan de redessin démographique – la négation même de l’idée d’un État palestinien viable.
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