Entre août 2024 et janvier 2025, les États-Unis ont approuvé deux contrats d’armement avec Israël d’une valeur de 28 milliards de dollars, malgré de vastes protestations des droits de l’homme demandant l’interdiction de leur livraison en raison de l’agression brutale contre Gaza.

Ces armes n’étaient pas le seul outil utilisé dans les crimes israéliens à Gaza. Il y a une longue liste d’outils technologiques et de techniques d’intelligence artificielle fournis principalement par des pays et des entreprises américaines, rendant des milliers de civils, d’institutions et de sites à Gaza, en Cisjordanie et au Liban également, des cibles programmées et prédéterminées pour l’élimination ou la destruction.

De nombreux rapports et enquêtes révèlent que de grandes entreprises technologiques ont fourni à Israël des moyens utilisés pour commettre des crimes, la dernière en date étant rapportée par le Washington Post, selon lequel Google aurait directement aidé l’armée israélienne dans la guerre contre Gaza, malgré les tentatives de s’en dégager après les protestations de ses employés contre le contrat de cloud computing conclu avec le gouvernement israélien, aboutissant au licenciement de 49 employés.

Le rapport, basé sur des documents divulgués, indique que des employés de l’entreprise ont aidé l’armée israélienne à accéder aux technologies d’intelligence artificielle les plus récentes de l’entreprise dès les premières semaines de l’agression contre Gaza.

Permis d’intelligence meurtrière

Les documents montrent qu’Israël a intensifié son utilisation des outils d’intelligence artificielle fournis par le département de cloud computing de l’entreprise après l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » du 7 octobre 2023. Ces outils, comme le service « Vertex », permettent aux utilisateurs d’appliquer des algorithmes d’intelligence artificielle pour identifier, surveiller et détruire des cibles spécifiques lorsqu’ils sont utilisés à des fins militaires.

Selon le rapport, jusqu’en novembre 2024, l’armée israélienne utilisait les services de Google pour accéder aux technologies d’intelligence artificielle les plus avancées, y compris la technologie « Gemini » de l’entreprise, afin de développer un assistant d’intelligence artificielle pour traiter des documents, des données et des fichiers audio.

Le rapport ne précise pas l’impact du soutien fourni par Google à Israël dans son agression contre Gaza, mais l’entreprise a confirmé que la collaboration avec le gouvernement israélien n’était pas destinée aux secteurs sensibles, secrets ou militaires liés aux armes ou aux services de renseignement.

Cela inclut également l’accord relatif au projet « Nimbus », un projet de cloud computing pour le gouvernement israélien et son armée, conclu en avril 2021 avec Google et Amazon pour un montant de 1,2 milliard de dollars.

Par ailleurs, Gabi Portnoy, directeur général de la direction de la cybersécurité du gouvernement israélien, a déclaré en février 2024 que cet accord « a directement contribué aux opérations militaires de l’armée pendant la guerre à Gaza. Grâce à ‘Nimbus’, des choses énormes se produisent pendant les combats et jouent un rôle important dans la victoire », selon le site « Wired ».

Selon le Washington Post, Israël a également développé un outil d’intelligence artificielle basé sur des technologies occidentales appelé « Habsora », qui fournit à l’armée israélienne des données sur des milliers de cibles humaines et infrastructures pour mener des poursuites, des assassinats et des destructions systématiques. Ce système permet de reconnaître les visages et d’identifier jusqu’à 100 cibles de bombardement par jour à Gaza, contre 50 cibles identifiées par les analystes humains chaque année.

Les déclarations de Gabi Portnoy concordent avec les révélations de plusieurs médias israéliens et américains concernant une coopération étroite et parfois secrète avec d’autres entreprises technologiques occidentales et agences de renseignement pour développer la machine de guerre israélienne et la doter d’une intelligence artificielle « mortelle ».

Le siège de l’unité 8200 pour l’écoute et la cyberguerre a été établi sur les ruines du village palestinien d’Al-Jalil (Haaretz).

Liste de « la mort »

Un rapport du magazine américain « The Nation » (12 avril 2024) indique que l’unité 8200 israélienne, spécialisée dans l’écoute, le décryptage et la cyberguerre, a créé le Centre « Moshe Dayan » pour les sciences des données et l’intelligence artificielle, qui développe des systèmes d’IA ayant « complètement changé le concept des cibles dans l’armée israélienne », selon un porte-parole.

L’unité collabore étroitement avec la société américaine « Palantir Technologies », qui lui fournit de nombreux appareils et logiciels d’IA avancés basés sur une quantité énorme de données provenant de rapports de renseignement secrets, y compris ceux de la National Security Agency (NSA) américaine, pour identifier et frapper les cibles.

L’unité 8200 a été établie au carrefour de Glilot dans la colonie de « Ramat Hasharon », construite sur les ruines du village palestinien d’Al-Jalil, « dont les habitants ont été tués ou déplacés, et où les soldats et les experts en renseignement s’entraînent maintenant au camp Moshe Dayan pour terminer la mission en bombardant, en tirant ou en affamant les descendants des Palestiniens forcés de vivre dans la misère de Gaza, occupée militairement depuis des décennies », selon le rapport de « The Nation ».

La société américaine « Palantir », qui entretient des relations étroites avec la CIA, ne nie pas sa collaboration et son soutien à Israël. Elle a déclaré dans ses publications sur « X » (anciennement Twitter) qu’elle soutient Israël et ses dirigeants ont tenu plusieurs réunions avec le gouvernement israélien. Leur premier conseil d’administration de 2024 a eu lieu à Tel-Aviv en janvier.

En janvier 2023, Alex Karp, cofondateur et PDG de l’entreprise, a signé un accord évolutif avec le ministère israélien de la Défense, affirmant, selon le rapport de The Nation, « Je suis très heureux des talents ici et nous obtenons les meilleures personnes. Ce que je vois en Israël, c’est ce mélange de talents qualitatifs. »

Son adjoint, Josh Harris, a confirmé que l’activité de l’entreprise dans la région se poursuivrait et n’avait jamais été aussi importante, après que « les deux parties ont convenu mutuellement de tirer parti des technologies avancées de Palantir pour soutenir les missions de guerre. »

Karp lui-même avait condamné, lors d’une conférence à Davos en janvier 2024, ce qu’il a appelé « l’attaque barbare contre Israël » en référence à l’opération Déluge d’Al-Aqsa, affirmant son soutien à Tel Aviv. Cependant, il avait admis des années auparavant que « notre produit (l’entreprise) est parfois utilisé pour tuer des gens. »

En réponse à leur soutien à Israël, plusieurs employés de « Palantir » ont décidé de démissionner plutôt que de travailler pour une entreprise soutenant le génocide en cours à Gaza. Des dizaines de manifestants se sont également rassemblés au siège de l’entreprise à Londres, au Royaume-Uni, accusant l’entreprise de « complicité » dans les crimes de guerre.

De son côté, la société norvégienne « Storebrand Assets Management » a abandonné ses investissements dans « Palantir » en octobre 2024 en raison de ses ventes de services et de produits à Israël, qui ont été utilisés à Gaza, selon le journal « Times of Israel ».

Malgré l’utilisation par l’armée israélienne des logiciels d’intelligence artificielle de Google et Palantir et des missiles intelligents guidés par ces logiciels, des massacres horribles ont été commis, y compris le ciblage de trois véhicules de secours de l’organisation « World Central Kitchen » en avril 2024, entraînant la mort de sept de ses travailleurs et employés.

Israël a ciblé des véhicules de l’organisation World Central Kitchen à Gaza avec des missiles programmés et guidés (Anadolu).

Le magazine « The Nation » affirme que le bombardement, effectué par des drones équipés de logiciels avancés de « liste de la mort », semblait délibéré et systématique, et était en réalité précis, visant à garantir que la nourriture n’arrive jamais à ceux qui meurent de faim à Gaza.

Des dizaines de bâtiments, de maisons et de sites identifiés par les logiciels d’intelligence artificielle de Palantir ont également été bombardés et détruits, souvent avec des bombes américaines pesant environ une tonne (907 kilogrammes) et d’autres armes fournies par les États-Unis.

Les logiciels d’intelligence artificielle de Palantir, utilisés par Israël, reposent sur des données de dizaines de milliers de Palestiniens dans les territoires occupés et au-delà, provenant de rapports de renseignement secrets collectés par la NSA américaine pendant des décennies et transmis à Israël. Edward Snowden, ancien employé de la CIA et de la NSA, a révélé cela en 2014.

Snowden a déclaré à l’époque que « l’une des plus grandes violations » qu’il a observées lors de son travail à la NSA était comment Israël était secrètement fourni en appels téléphoniques, messages vocaux et courriels bruts échangés entre les Palestiniens américains aux États-Unis et leurs proches dans les territoires occupés.

Israël profite largement des services des agences de renseignement américaines via Palantir, qui travaille sur le développement d’un système de ciblage d’intelligence artificielle plus puissant appelé « TITAN », une plateforme de renseignement, de surveillance et de reconnaissance de nouvelle génération basée sur le machine learning pour traiter les données.

Bien que ce système soit conçu uniquement pour l’armée américaine, il est possible que l’entreprise teste des prototypes de ce système à Gaza via l’armée israélienne, selon le site « The Nation ».

Israël a procédé à une destruction systématique et totale des infrastructures de vie à Gaza dans le but de déplacer ses habitants (Al Jazeera).

Masacres par l’intelligence artificielle

L’enquête publiée par le magazine israélo-palestinien « 972+ » et le site israélien « Local Call » plonge dans la relation étroite entre l’utilisation par l’armée israélienne de logiciels d’intelligence artificielle et « le nombre immense d’hommes, de femmes et d’enfants palestiniens innocents qui ont été massacrés par Israël à Gaza ».

L’enquête ne mentionne pas spécifiquement la société « Palantir », mais parle du système d’intelligence artificielle « Lavender », qu’il est supposé que l’entreprise a développé et que l’unité 8200 utilise actuellement pour cibler des milliers de « combattants présumés, permettant de tuer des dizaines de civils palestiniens, y compris des femmes et des enfants, pour chaque personne ciblée ».

Le magazine « 972+ » affirme que l’armée israélienne s’appuie sur des algorithmes puissants pour trier d’énormes quantités de données de surveillance téléphonique, de messages textuels et numériques afin d’établir de longues listes de cibles à détruire ou à éliminer, ainsi que des données provenant des interceptions de la NSA américaine sur les communications des Palestiniens aux États-Unis avec leurs familles à Gaza et en Cisjordanie.

Au cours des premières semaines de la guerre, l’armée israélienne s’est presque entièrement appuyée sur les listes « Lavender », « qui ont enregistré environ 37 000 Palestiniens comme des combattants suspects et classé leurs maisons et lieux de présence comme des cibles potentielles de frappes aériennes ».

Il n’y a pas eu de tentatives sérieuses pour vérifier ou justifier l’existence de dizaines de milliers de noms figurant sur la « liste de la mort » approuvée par les algorithmes « Lavender », et la vérification humaine prend à peine quelques secondes, bien que le taux d’erreur du système puisse atteindre 10%, et que les listes soient dans l’ensemble aléatoires.

L’armée israélienne a commis des massacres classés parmi les crimes de guerre et les génocides, ciblant délibérément et systématiquement les maisons des personnes ciblées, tuant des familles entières et les supprimant des registres simplement parce qu’un algorithme d’intelligence artificielle leur avait dit que l’un d’eux était présent.

Selon l’enquête, « le résultat est que des dizaines de milliers de Palestiniens, pour la plupart des femmes et des enfants ou des personnes non impliquées dans les combats, ont péri à cause des frappes aériennes israéliennes, notamment au cours des premières semaines de la guerre, en raison des décisions prises par le programme d’intelligence artificielle ».

Le magazine « The Nation » rapporte les propos d’Alex Karp, PDG de Palantir, qui déclare que « la puissance des systèmes de guerre algorithmiques avancés est désormais si grande qu’elle équivaut à la possession d’armes nucléaires tactiques contre un adversaire qui ne possède que des armes conventionnelles », soulignant ainsi la dangerosité des outils de mort fournis par « Palantir » et d’autres entreprises occidentales à Israël, qui sont devenus aléatoires malgré l’utilisation des systèmes d’intelligence artificielle les plus avancés.

Dans sa guerre agressive contre Gaza, Israël ne s’est pas contenté des produits et outils de Google, Amazon et « Palantir », mais a également compté sur des projets très sensibles et secrets, selon une enquête publiée par le journal britannique The Guardian en collaboration avec le magazine « 972+ » et la plateforme hébraïque « Local Call ».

Le siège central de Microsoft dans la région de Herzliya à Tel Aviv (Reuters).

L’enquête révèle une dépendance accrue de l’armée israélienne et de ses services de renseignement à la computation en nuage et à l’intelligence artificielle de Microsoft pendant la phase la plus intense du bombardement de Gaza. Les heures de support technique ont augmenté, la plateforme de cloud « Azure » a été utilisée, et un accès étendu au modèle « GPT-4 » d’OpenAI a été accordé, tout cela dans le cadre de la guerre à Gaza.

Parmi de nombreuses autres entreprises, fournissant des services directs ou indirects à Israël, la société britannique « Gama Aviation » a assuré des vols de surveillance pour l’armée de l’air royale britannique au-dessus de Gaza, en offrant un soutien technique, des services d’ingénierie, de conception et de maintenance, comme l’a révélé le site « Declassified ».

Le site indique que sans ce soutien technique de la société, il aurait été difficile pour l’armée de l’air royale britannique d’organiser des vols de surveillance quasi quotidiens au-dessus de Gaza depuis décembre 2023.

Bien que ces missions aient visé ostensiblement à aider à localiser les prisonniers, elles ont suscité des préoccupations quant à l’implication de la Grande-Bretagne dans les attaques israéliennes continues contre les Palestiniens, et au transfert d’informations de renseignement à l’armée israélienne, qui les utilise pour des bombardements terrifiants.

Contrairement à la conscience populaire américaine et mondiale qui refuse de soutenir Israël dans sa guerre agressive contre Gaza, y compris les employés de ces grandes entreprises technologiques qui ont démissionné ou protesté contre le soutien de leurs entreprises à l’armée israélienne, ces entreprises vont à contre-courant.

Cela les rend, d’une manière ou d’une autre, complices des crimes israéliens, d’une manière injustifiable par les intérêts, ou en considérant Israël comme une entité fonctionnelle appartenant à l’Occident qui doit être aidée par des algorithmes de haute technologie, qui n’ont cependant pas réussi à soumettre Gaza.

Source : Al Jazeera + presse américaine + presse israélienne.

Article d’origine : ليست غوغل وحدها.. تكنولوجيا الشركات الغربية تغذي آلة القتل الإسرائيلية | أخبار | الجزيرة نت

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